Le peuple Arboré

Le peuple Arboré

Le village d’Arboré est l’ultime avant-poste de l’Ethiopie méridionale face à la frontière kenyane. Les inondations saisonnières du fleuve Weito créent une sorte d’oasis linéaire, fine bande de terre fertile arrachée au désert sur laquelle les Arboré cultivent le sorgho et le maïs indispensables à leur survie. Ces berges, périodiquement revitalisées par le limon déposé, offrent aussi de bons pâturages au bétail, deuxième pilier de l’économie locale. Bien qu’ils dépendent dans une large mesure de ces ressources agricoles, les Arboré se considèrent plus comme des pasteurs que comme des cultivateurs. Vaches, chèvres et moutons, qui constituent l’unité de mesure de toutes leurs transactions commerciales, sont le capital indispensable à tout homme voulant se marier.

Les Arboré sont environ au nombre de 5 500, répartis en deux branches : les Marle et les Gandaroba. Les Arboré sont issus du regroupement de plusieurs ethnies amalgamées au fil du temps pour ne former qu’un seul peuple. Les mariages mixtes, avec des jeunes filles d’autres tribus, sont encore la règle, si bien que tout homme peut chercher femme chez les Borena, les Dassanech, les Rendile, où il le veut en fait pourvu que ce ne soit pas chez les ennemis hamer. La tradition orale, en effet, attribue l’origine de ce peuple à des ancêtres mythiques envoyés par le dieu Waq pour construire les premiers villages sur les deux rives du fleuve. La plupart des Arboré affirment descendre d’antiques lignages borena.

L’organisation sociale des Arboré s’étaye sur le système des classes d’âge. Les diverses générations, dont chacune se divise en quatre classes, se succèdent au pouvoir tous les quarante ans environ. Les chefs politiques ont le devoir de rendre la justice, d’entretenir de bonnes relations avec les peuples voisins et de régler les relations de propriété concernant les terres et les bêtes. Les champs sont distribués de façon saisonnière entre les familles, astreintes à respecter les règles coutumières, si bien que les individus convaincus de négligence dans l’exploitation du lopin qui leur est alloué risquent l’exclusion de la répartition et peuvent être condamnés à de sévères peines, telles que le fouet.