Le peuple Konso

Le peuple Konso

A 50 km environ au sud du lac Chamo, en pénétrant dans le pays vallonné des Konso, situé à l’est des plaines arides et dépouillées du bassin inférieur de l’Omo, le voyageur est stupéfait par la découpe méticuleuse des collines en terrasse qui cascadent comme des marches d’escaliers.

Le paysage culturel du pays Konso, a été choisi par l’Unesco pour rejoindre la liste du patrimoine mondial en 2012. l’entrée de Konso dans le patrimoine mondial devrait lui permettre de protéger sa culture ancestrale.

L’Unesco a distingué ce site aride de 55 km², ses terrasses en pierre et ses fortifications, parce qu’il « constitue un exemple spectaculaire d’une tradition culturelle vivante » vieille de plus de 400 ans et qu’on y trouve des statues de bois anthropomorphiques qui constituent « un témoignage exceptionnel et vivant de traditions funéraires sur le point de disparaître ».

L’inscription du paysage Konso au patrimoine mondial fait de l’Ethiopie le pays d’Afrique au plus grand nombre de sites protégés. Les églises de Lalibela, haut lieu du christianisme orthodoxe éthiopien, ou encore les stèles d’Axoum font parties des autres trésors du pays reconnus par l’organisation onusienne.

Les Konso entretiennent peu de liens avec leur passé et avec leur histoire. On ne connaît ni leur contrée d’origine, ni l’époque de leur implantation dans la région. Néanmoins, leurs traditions familiales et culturelles tendent à montrer qu’ils sont issus d’un amalgame des tribus couchitiques voisines.

Les Konso sont des agriculteurs sédentaires chevronnés, les seuls du sud-ouest éthiopien à s’adonner à la culture en terrasse sur les flancs des collines rocailleuses. Les cultures dominantes sont le coton et différentes variétés de millet. Les grains de ce dernier sont moulus par les femmes, puis transformés en galettes qui constituent la nourriture de base des Konso. Chaque famille possède quelques têtes de bétail et sa propre parcelle de terre que les hommes et les femmes travaillent de concert.

Bien que les caractéristiques traditionnelles des Konso s’apparentent aux cultures couchitiques, leurs canons esthétiques, leur artisanat, l’organisation de leurs villages et leur mode d’exploitation agricole diffèrent. Ils possèdent une entité culturelle, sociale et économique qui leur est propre. Ils parlent le konsigna, langue couchitique proche des langues oromo.

L’aspect des villages konso diffère des villages des autres ethnies de la région. Pour se défendre des attaques des animaux sauvages et pour se protéger des coulées de boue, ils encerclent leurs villages d’un rempart de basalte et de terre séchée de 3 à 4 mètres de haut. Dans l’enceinte, les huttes sont si rapprochées que leurs toits parfois se chevauchent. Les villages sont densément peuplés et abritent une moyenne de 2 500 habitants.

Chaque famille est composée de cinq personnes en moyenne. Elle loge dans une aire ovale de 200 m2 environ entourée d’un mur. L’espace réservé au bétail est généralement en contre-bas, séparé de l’espace habitable par un muret qui interdit l’incursion des animaux dans la hutte familiale, ce qui, selon la croyance konso, serait prémonitoire de la mort du chef de famille.

Les membres du même groupe s’associent pour la célébration des rituels, pour la construction des huttes, des remparts, et pour l’entretien des murs de soutènement des terrasses Ils participent aussi communément aux travaux des champs, à la poterie, et à l’évidage de calebasses pour en faire des récipients à lait ou à beurre.

Les représentants d’un même groupe se considèrent comme frères et sœurs, les relations sexuelles sont proscrites. Un système complexe de classes d’âges régit la vie des Konso mâles. A l’adolescence, les jeunes hommes entrent dans la classe d’apprentissage de la vie d’adulte ; puis ils parviennent à la classe des guerriers et des propriétaires terriens, enfin, à l’âge mûr, ils accèdent à la position supérieure d’anciens. Le passage à une classe supérieure ou le mariage sont célébrés par des danses, des chants et des rituels bien ancrés dans la culture konso. Lors des cérémonies, les Konso, qui sont très musiciens, jouent de la krar, sorte de lyre populaire qui existe dans d’autres régions d’Éthiopie, de la dita, genre de guitare à cinq cordes et de la flûte de Pan.

Les rituels associés au culte des anciens tiennent un rôle capital dans la communauté konso. Ils promeuvent l’appartenance au groupe et la solidarité entre ses membres. Les Konso érigent des totems (1 m de haut environ) en bois sculpté, les wakas, sur les tombes de leurs anciens, sur le bord d’une route ou dans les champs que cultivait le défunt. Le défunt est représenté aux côtés de sa femme, de ses enfants, de son ennemi s’il a fait montre de bravoure et de vaillance, ou d’un animal féroce, tel que le lion, le léopard ou le crocodile, s’il s’est distingué comme chasseur. Il est décoré d’un ornement phallique frontal et paré d’un pénis, tandis que son ennemi vaincu est sculpté amputé de ses attributs virils.

Chaque village est autonome et administré par un conseil d’aînés. Les villages n’étant jamais éloignés les uns des autres, les habitants entretiennent des relations économiques et sociales.